Récemment, je me suis souvenu d’un chant que j’avais oublié : « Que ton regard soit le regard de Dieu ; change ton regard et la vie jaillira ! » Qu’est-ce que cela veut dire ? Nos vues sur les gens qui nous entourent, sur le monde qui ne semble pas tourner rond, sur l’Église qu’on dit moribonde : tout cela prendrait une tout autre couleur si nous pouvions changer notre regard pour le regard de Dieu. La compassion, la miséricorde, le pardon, l’amour auraient bien meilleur goût.
Nous écoutons parfois les bulletins d’information et en ressortons avec un goût amer ; tout semble nous inviter à être pessimistes et découragés. Est-ce que cela nous rend plus heureux ? Je connais des gens qui ont décroché de leur téléviseur, du journal quotidien. Mais on ne peut vivre sur une autre planète à l’infini, se déconnecter de la réalité. Il suffit peut-être de changer son regard pour le regard de Dieu, qui aime ce monde qu’il a créé, qui fait lever son soleil sur les justes et les injustes et tomber la pluie sur les bons et les méchants, selon cette autre chanson.
Pour être apôtre de Jésus, porter son message autour de nous, il vaut mieux s’ouvrir à l’accueil inconditionnel, à la générosité dans nos jugements, à la bienveillance envers tous. Quand nous lisons l’évangile en étant attentifs à l’attitude de Jésus envers ceux qu’il rencontre, nous pouvons apprendre comment être témoins, porteurs d’une Bonne Nouvelle. Le disciple veut imiter son maître, se laisser transformer comme l’argile dans les mains du potier, à condition de se dépouiller de soi-même, de ses certitudes et, bien souvent, de son regard sur les autres. « Que ton regard soit le regard de Dieu ! »
Nous sommes invités à laisser jaillir la vie, en nous tout d’abord et autour de nous. Une vie qui invite à la joie, à la paix, au bonheur. Il nous faut relire les Béatitudes dans l’évangile de Matthieu : c’est la charte du disciple du Seigneur. Ce n’est pas pour rien que ce texte est en ouverture du Sermon sur la montagne. C’est comme une feuille de route pour vivre notre vocation de baptisés, de chevaliers.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle année colombienne. N’en doutons pas, elle sera faite de l’effort et de la solidarité que nous y investirons. Armons nous d’un regard neuf sur les personnes qui nous entourent et la vie jaillira.
Que dieu vous bénissent,
Père Gilles Blouin, Aumônier diocésain R03-R04-R14.